SPORT-SANTÉ - Une bénéficiaire du dispositif As du cœur témoigne

Le 11 juillet dernier s’est tenu le second module engagement durable de l’expérimentation As du cœur que porte notre association Etoile de Montaud sur le département de la Loire.

As du coeur est un dispositif porté par France Asso Santé, pour en savoir plus voici une vidéo de présentation.

Le module engagement durable intervient à mi-parcours du dispositif As du cœur qui dure 5 mois. Il est proposé par les enseignants en activités physiques adaptées qui prennent en charge 2 fois par semaine en séance de groupe les bénéficiaires du dispositif orientés par leur cardiologue de réadaptation. Lors de ce module d’une heure et demi, l’enseignant en activités physiques adaptées propose des animations permettant aux pratiquants d’envisager comment inscrire des réflexes d’activités physiques dans leur quotidien. Ce module s’inscrit dans une approche transversale, multimodale et doit s’attacher à agir sur les déterminants individuels, sociaux et environnementaux de la pratique d’activité physique. Il est complémentaire des actions d’éducation thérapeutique délivrées lors de la phase de réadaptation.

A l’étoile de Montaud, Amandine BEAL – enseignante en APA[1] et Betty BELLANCA – Educatrice sport santé, ont proposé aux 7 pratiquants présents de revenir sur leur expérience As du cœur, sur les éléments motivants qu’ils avaient pu identifier pendant cette période et les éléments freinant l’inscription de la pratique dans la durée. Par la suite et de façon individuelle puis collective, des leviers ont été trouvés pour limiter ces éléments freinant.

Un parcours ludique et sportif a ensuite été proposé aux pratiquants à travers tous les étages du bâtiment pour reprendre ensemble les déterminants d’une bonne santé par la pratique d’une activité physique régulière et leurs impacts.

Les 7 pratiquants présents ont chaleureusement remercié leurs animatrices et ont perfectionné grâce à ce module leurs projets de pratique d’activité physique sur les prochains mois. La plupart se sont déjà inscrits dans l’association Etoile de MONTAUD pour une pratique collective avec les animatrice Betty et Amandine.

[1] APA : Activités Physiques Adaptées

Témoignage :

Marjolaine Kazouit Seguy, Responsable régionale développement Atoutform' a rencontré Sakina HARRAT, bénéficaire du dispositif. Voici leurs échanges.

MKS : Bonjour Sakina ! Tu fais donc partie du dispositif As du cœur qui se déroule à l’association Etoile de Montaud depuis quelques mois. Il me semble que tu es en fin de parcours donc cela fait 5 mois que tu pratiques 2 fois par semaine une activité physique avec Amandine BEAL et Betty BELLANCE. Ma première question serait : « Qu'est-ce qui a fait que tu es arrivée ici, dans ce dispositif ? ».

SH : Alors C'est grâce au centre de réadaptation du Clos CHAMPIROL à St Etienne qui m'a informé sur une étude mise en place pour tous ceux qui avaient opérés cardiaques, pour leur permettre de récupérer mieux. Pour moi c’était un espoir parce que c'est vrai que quand je suis arrivée au début je n'y croyais pas du tout. Je ne mens pas ! J’étais KO. Mais là au fur et à mesure je survis. Je suis très positive, je même devenue un clown pour tout le groupe ! Comment on dit je pense que mon accident cardiaque c’est un mal pour un bien.  

MKS : D’ailleurs, peux-tu nous raconter ce qu’il t’est arrivé ?

SH : Je travaille à l’accueil des urgences de l’hôpital Nord. Un jour sur mon lieu de travail c’était la folie, des attentes pas possibles, un stress depuis des semaines qui devenait difficile à supporter, toujours plus de demandes. Ma chef m’a proposé de sortir 5 minutes fumer une cigarette. J’ai dit okey ! C’était vraiment n’importe quoi dans le service ! Je me suis levée, j’ai senti ma tête tourner mais pas plus. Pour ne pas vous mentir ça fait longtemps que j’ai des problèmes avec la nourriture. Je ne mangeais qu’un repas par jour car j’étais persuadée d’être trop grosse, j’ai toujours eu l’impression d’être trop grosse même quand j’étais très maigre !! Bref donc je pense qu’avec l’hypertension, le stress aux urgences et le peu d’énergie que j’avais à cause des faibles repas, la reprise post-covid après une période d’enfermement… Mon cœur n’a pas supporté et j’ai fait une grosse dissection aortique.

MKS : Alors expliques-nous ce qu’est une dissection aortique.

SH : Eh bien c’est l’aorte (la plus grosse artère qui part du cœur) qui s’est déchirée ! Elle s’est déchirée complètement apparemment les médecins m’ont expliqué que la membrane de mon aorte était tellement fine à cause du stress et de tout le reste qu’elle ne mesurait plus que l’épaisseur d’un papier à cigarette. Donc sous la pression du stress et de l’hypertension elle a cédé !

Le problème c’est que quand le chirurgien a voulu réparer au bloc opératoire, plus il réparait la déchirure, plus l’aorte se déchirait. Ils ont donc dû placer une artère synthétique. Quand je me suis réveillée j’ai vécu ça comme un deuil. D’abord pendant plusieurs jours le déni, puis la colère, puis l’acceptation et après on fait le deuil. Après 5 mois j’ai fait mon processus complet parce que j’en parle ! Deux mois avant j’aurai été incapable de parler de tout ce qui m’était arrivé. Au contraire, je pense que ce que j’ai vécu doit être dit pour alerter autour de moi. Dès que je peux maintenant j’explique à ceux que je connais, les amis, les collègues de travail, les copines et les copains qui fument à quoi ça peut aboutir, ce que j’ai vécu !

Je suis revenue à la vie ! J’avais 9 chances sur 10 de rester sur la table d’opération. Les médecins avaient appelé ma famille entière pour leur dire « Préparez-vous ». Et je suis encore là. Les médecins n’y croyaient pas ! L’opération a duré 10 heures, il y avait des complications et avec tout ce qu’ils avaient dû m’injecter ils n’étaient même pas sûrs que je retrouverai toutes mes capacités de mémoire. On m’a dit après l’opération qu’il faudrait 2 à 3 ans pour récupérer la mémoire. Mais je l’ai récupérée en 4 mois !

MKS : Et ces annonces-là comment vous les avez vécues ?

SH : Très mal ! Heureusement que j’avais une amie qui me prenait par la main parce que j’avais l’impression d’avoir 4 ans ! On me disait un truc et 5 minutes après je ne m’en souvenais plus du tout. A la maison sur la porte j’avais 50000 post-its. Savoir quand il fallait que j’aille chez le médecin, quand il fallait que j’aille à l’As du cœur, quand est-ce qu’il fallait que je mange, quand est-ce qu’il fallait que je prenne mes cachets… Quand on m’a dit t’en as pour 2 à 3 ans, moi je n’ai pas accepté ! Donc j’ai décidé d’agir moi-même et j’ai ouvert un bouquin. J’ai lu la première page tous les jours de la semaine, au bout d’une semaine j’arrivais à me souvenir de la première ligne. Deux semaines, deuxième ligne, etc. Ma chef me disait : on dirait le phénix qui renait de ses cendres !

MKS : Donc tu as eu une volonté de fer pour retrouver des capacités de mémoire et les premiers pas ici à l’Etoile de MONTAUD pour pratiquer une activité physique comment ça s’est passé ?

SH : C’était dur, Je n’y croyais pas. Demande à Amandine et Betty !! Elles te diront. Elles ne pensaient vraiment pas que j’allais rester. Je n’étais pas bien du tout !!!

MKS : Saurais-tu dire avec un peu de recul, les moments, les personnes, les phrases qui ont transformé ce début d’expérience difficile en réussite ?

SH : Ce sont avec certitude les deux premiers cours collectifs ! Les deux premiers cours avec Betty et Amandine m’ont remonté le moral. Je me suis rendue compte que je n’étais pas toute seule. J’étais peut-être la plus jeune peut-être mais je n’étais pas toute seule. Et le fait de se créer un groupe avec une bonne ambiance et un partage d’expérience, de côtoyer des personnes très positives ça me booste ! Avant je n’étais pas si positive et marrante. Je voulais aider mais je ne voulais pas qu’on m’aide. Le fait de se faire aider j’ai compris que c’est aussi bénéfique que le fait d’aider !

J’ai la chance d’avoir été entourée et d’avoir des messages de ma deuxième famille, mes collègues à l’hôpital, qui me donnaient des nouvelles et me rappelaient que ma place était toujours là et qu’ils m’attendaient.

MKS : Et est-ce que tu sens aujourd'hui des effets de la pratique d’une activité physique régulère ?

SH : Oh oui ! Mais en fait on ne se rend pas forcément bien compte. Ce sont les coachs comme Betty qui me disent à quel point j’ai progressé. On fait des tests qui nous montrent objectivement ça ! Avec une petite machine qu’on sert dans la main par exemple avant j’avais 14 kg comme résultat, et maintenant j’ai 27kg ! J’ai bien récupéré au niveau physique.

MKS : Donc maintenant que ton programme As du cœur est fini, qu’as-tu prévu de faire pour la suite en activité physique ?

SH : J’aime marcher donc je programme beaucoup de marches avec mes proches. C’est dur de trouver des personnes qui ne sont pas dans le jugement, donc il faut trouver les bonnes personnes. Mais c’est tellement bien d’être à plusieurs. J’aime faire des activités avec d’autres.  Par contre je n’arrive pas à me projeter. Je programme au jour le jour et je profite mais c’est dur de me projeter. Je pense enfin à moi, je programme mes voyages en mettant de l’argent de côté et je fais ce qui me plait de faire pour moi. Donc à la rentrée je continue ici à l’Etoile de MONTAUD. Avec les mêmes personnes car elles ont du caractère mais sont très positives et c’est important pour moi d’être bien dans mon activité.

Il faut vraiment que la sécu comprenne que pour des gens comme moi c’est vital des programmes comme As du cœur ! La passerelle entre ce qu’on a vécu et ce qu’on va vivre ici est essentielle. Au clos CHAMPIROL ils ont été géniaux et ont permis d’aller vers ce dispositif. Sans ça je n’aurai rien tenté !

Boutique nationale

ACCÉDER À LA BOUTIQUE

bloc_boutique_1.png

Où pratiquer

Rechercher une activité

et
km alentour

Suivre notre actualité

MULTIMEDIA

multimedia.png

fscf-logo-bloc_0.png